C’est presque chaque semaine que l’on apprend le naufrage en Méditerranée d’embarcations pleines à ras bord de migrants qui tentent de gagner l’Europe. Même s’ils sont moins nombreux qu’en 2015 (plus d’un million), c’est plus de 350 000 personnes qui ont rejoint le vieux continent pendant les trois premiers trimestres de 2016. Eurostat nous apprend aussi que  près de 360 000 demandes d’asiles ont été déposées au cours du seul 3ème trimestre 2016.

L’Europe est désemparée devant cet afflux massif qu’elle n’avait pas su anticiper et qu’elle n’a pas su intelligemment prendre en compte[1]. Certes l’afflux de réfugiés de pays comme l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie, la Libye, la Somalie, l’Érythrée ou le Soudan trouve son origine directe dans les guerres civiles et les troubles qui déstabilisent ces pays. Mais une immigration moins spectaculaire due à un développement économique très insuffisant, corrélé à une forte croissance démographique, trouve son origine en Afrique subsaharienne.

A peine commence-t-on à se dire qu’aider massivement des pays comme le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Sénégal permettrait à moyen et long-terme de stabiliser leur population. Et pourtant, dès 1987, Alfred Sauvy publiait avec le concours de notre administratrice, Anita Hirsch, L’Europe submergée. Sud-Nord dans 30 ans[2]. Il écrivait alors “Au nord et au sud de la méditerranée occidentale :

-        D’un côté Italie, France, Espagne et l’atlantique Portugal vieillissent dans l’insouciance et bénéficient d’une aisance croissante[3],

-        De l’autre côté le Maghreb et son hinterland noir voient à peu près dans la même indifférence, la multiplication de la jeunesse et la pauvreté.

-        Conséquences possibles : Dans les zones où le déséquilibre va, peu à peu, s’accentuer, entre les hommes qui en se multipliant en pleine jeunesse, consciente ou non, et ceux qui ont trop peur de la vie pour la donner, préférant le vieillissement douillet, que va-t-il se passer? “

La presse a rapporté que “Le Conseil européen réuni jeudi le 15 décembre 2016 à Bruxelles vient de valider le plan d’investissement extérieur pour l’Afrique et les pays du voisinage qui pourrait permettre de mobiliser jusqu’à 44 milliards d’euros d’investissement pour le développement économique. Il a aussi souligné l’importance des pactes migratoires en cours de négociations avec le Sénégal, le Niger, le Mali, le Nigeria et l’Ethiopie. L’expérience pourrait être étendue à d’autres pays de transit et d’origine“.

Cela va dans le bon sens, certes, mais bien tard. L’Union européenne est en voie de vieillissement accéléré  et a vu pour la première fois en 2015 les décès l’emporter sur les naissances. Comme le dit le Maître dans son livre Bien-être et Population[4] : “Moins cruel qu’Ugolin qui dévorait ses enfants pour leur conserver un père, les hommes d’aujourd’hui se contentent de ne pas avoir d’enfants pour leur conserver des parents. “ Ne serait-il pas opportun delancer une politique européenne de renouveau démographique ?

Ah que n’a-t-on, dans ces domaines comme dans d’autres, écouté Alfred Sauvy. Bien des drames auraient été évités ! Il n’est pas encore trop tard pour en éviter à nos enfants et petits-enfants.

C’est plein d’espoir, toutefois, que je forme enfin des vœux fervents pour le développement de notre Association en 2016  et que je souhaite à nos adhérents et à leurs proches une bonne année.

A tous et à toutes bonne et heureuse année !

Et bon vent à notre Association en 2017 !



[1] Cf. Dumont, Gérard-François, « Les migrants”, Audition par la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, 11 mai 2016,

dans : Legendre, Jacques, et Gorce, Gaëtan, Rapport d’information sur les migrants, Sénat, Paris,

n° 795, 13 juillet 2016, p. 117-120.

[2] Éditions Dunod, 1987.

[3] Que la crise n’a fait que ralentir.

[4] Éditions sociales françaises, 1945.