Remercions d’abord le professeur Jean-François Dhainaud, président de l’université René Descartes, et notre collègue au Conseil, Jean Pierre Chamoux, professeur à cette université, grâce auxquels nous pouvons nous réunir dans cette belle salle.

Le président Antoine Gallimard, les membres du Conseil du Comité Jean Fourastié, et moi, sommes heureux de pouvoir célébrer, avec vous, ce soir, la sortie du livre du Professeur Jean Louis Harouel, « Productivité et Richesse des Nations ». Il figure dans la prestigieuse collection « TEL », dont le directeur M. Liebert est parmi nous. Au passage, au nom de tous les économistes, merci à « TEL » d’avoir fait traduire, en 2004, le monument de Joseph Aloïs Schumpeter « Histoire de l’analyse économique ». C’est notre bible.



Merci pour la parution de cette nouvelle Somme consacré à la vie et l’œuvre de Jean Fourastié. C’est une ANTHOLOGIE, à la fois sélective et exhaustive, avec une impressionnante introduction ( PROLEGUOMENES), qui nous guide dans la richesse et la diversité des textes. Nous la devons au professeur Jean-Louis Harouel, de l’université de Paris II, brillant historiens des institutions. Nous sommes admiratifs des ce tour de force et très reconnaissant à son auteur. Tout à l’heure, il nous parlera, lui-même, de ce travail qui l’a retenu, et passionné, pendant près de quatre ans, en hommage et fidélité à son maître.

Puis le président Antoine Gallimard nous dira comment il s’est engagé dans cette aventure. Un grand livre est toujours le fruit d’une CONNIVENCE FORTE entre l’auteur et l’éditeur.

Notre président d’honneur, M. Michel Albert, a bien voulu accepter de nous parler de l’initiation de ce projet, lorsqu’il présidait notre Conseil. Je l’en remercie vivement. Je vous exprime, les regrets de M. Jean Cluzel, président d’honneur du Comité, et successeur de Jean Fourastié à l’Académie, retenu ce soir.

Permettez moi, cher collègue, avant de vous écouter ainsi que les personnalités qui vont intervenir, de dire quelques mots sur le titre de votre livre, « La productivité et la richesse des Nations » est particulièrement indiqué. Il nous renvoie un écho, fort et clair, du texte fondateur de l’économie politique, le fameux livre d’Adam Smith.

Les deux auteurs, à un siècle d’intervalle, ont expliqué la vie économique de leur temps, et, en outre, ils ont précisé des mécanismes économiques et sociaux de base qui sont toujours d’actualité.

Ils ont insisté sur le rôle essentiel du progrès technique. Jean Fourastié, en pionnier, a analysé rigoureusement la nature, les facteurs et l’évolution de la productivité, qui est au centre de son œuvre. Mais les fameux chapitres d’A. Smith, sur la division du travail, qu’il considérait comme la source principale des richesses, était un traitement de la productivité. Tous deux ont raisonné en « termes réels », c'est-à-dire en unités de travail. Ils se sont appuyés sur des masses de faits, auxquels leur intelligence de synthèse a ont donné son sens.

Tous deux aussi ont rejeté la forme de la théorie économique. Ils ont voulu expliquer simplement, et dans leur propre style, aux particuliers et aux pouvoirs publics, les causes de l’accroissement des richesses. Bien qu’ingénieur de l’Ecole Centrale Jean Fourastié s’est refusé à théoriser formellement. Il a insisté sur son EMPIRISME SCIENTIFIQUE ;

Pour l’un et l’autre, le souci de l’intérêt public ne permet pas de dissocier morale et économie. Le plus important livre du philosophe Smith a été la Théorie des Sentiments Moraux ; il a critiqué les industriels de son tempos. Jean Fourastié, a publié en 1968, les Essais de morale prospective, pour tenter de répondre au désarroi de son temps.

Comme l’a dit sa fille et collaboratrice, Jacqueline Fourastié, son père a été « à la charnière entre les valeurs traditionnelles » des années 50, qu’on qualifierait aujourd’hui de « modernes », et l’accélération des changements de société qui en sont résultés. Certes il n’a pas parlé de cette « contre-culture », « post moderne », que Jean-Louis Harouel a si brillamment analysée. Il avait cependant prédit qu’après la célébration de la technique, pendant des Trente Glorieuses, l’avenir accorderait plus de place à la psychologie, l’éthique, la justice, la politique.

En conclusion je dirai que, Jean Fourastié a beaucoup contribué à insérer l’intelligence économique dans la culture des français. Cette ANTHOLOGIE sera un excellent viatique pour poursuivre la route. De nouveaux livres, dans son style, comme celui de Jacques Marseille que notre Comité a primé cette année, creuseront le sillon. Mais la route est encore longue. Je crois que nous la ferons tous ensemble.