jean fourastie
Pour que l’homme ait une activité économique, il faut et il suffit qu’il vive.
Cela veut dire qu’il y a activité économique – et donc connaissance économique (et donc au moins essais de science économique) – partout où il y a des hommes vivants sur cette planète, qui doivent pour subsister transformer la nature, et pour satisfaire ou croire satisfaire leurs appétits, désirs ou besoins, produire des objets et des services. Et cela quel que soit le régime politique et social.
Mais cela veut dire aussi que l’un des points forts de la réalité économique est la relation qui existe entre la population, la production, les échanges, etc. Il faut considérer que la démographie est la science de base de la sociologie, de la politique et de l’économie.
Les progrès de la science et de la technique, notamment de l’hygiène, de la médecine, et l’élévation du niveau de vie modifient sans cesse les conditions démographiques de la vie humaine, comme la durée de la vie moyenne, l’âge au mariage, la durée du mariage, le nombre des enfants, l’âge de la transmission héréditaire du patrimoine, le nombre des deuils, la morbidité, la souffrance physique, les infirmités la mortalité…Moins visibles que les changements techniques, ces modifications incessantes, se cumulant, en sont déjà, venues à faire de l’histoire démographique de l’homme moyen une réalité profondément différente de ce qu’elle était il y a deux ou trois siècles, et depuis des âges millénaires.
En outre, et surtout un homme nouveau commence à naître sous nos yeux, non pas génétiquement différent des hommes traditionnels que sont encore les hommes nés avant 1950 ou 1960 en France, mais physiologiquement et culturellement différent (parce que né dans les villes, des familles peu nombreuses, mieux nourri, abrité des maladies, trempé dans la civilisation technique : confort, télévision, école, voyages…)
La réalité économique, 1978, chapitre III