jean fourastie

Pendant l'entre-deux-guerres, Jean Fourastié (centralien né  en 1907) et Alfred Sauvy (polytechnicien né en 1898) se construisent progressivement une légitimité d'expert en assurances et en comptabilité pour le premier, en statistiques et en démographie pour le second, tout en prenant leurs distances avec l'économie politique traditionnelle. Une renommée grandissante leur vaut rapidement « d'éclairer » par leurs conseils les derniers  gouvernements de la IIIe République : si, aux côtés de Paul Reynaud, Sauvy est à l'origine de l'Institut de conjoncture et de l'assouplissement de la loi des 40h ou de mesures favorables à la natalité française (Adolphe Landry est son maître à penser), Fourastié participe pour sa part à l'élaboration du plan comptable des assurances, le premier du genre.

 

            Après-guerre, Sauvy et Fourastié deviennent des experts multiscalaires prenant appui sur une méthode et une approche pluridisciplinaire (économie, démographie, sociologie, histoire). Alfred Sauvy fonde l'Institut national d'études démographiques (INED) qu'il dirige jusqu'en 1962 et la revue Population. Père de la démographie en France, il définit la notion d'optimum démographique et se montre hostile à la mise en place de pratiques antinatalistes. Il est membre du Conseil économique et social de 1947 à 1974 et représente la France à la Commission de Statistique puis de la Population des Nations Unies. Il est également proche conseiller du président du Conseil Pierre Mendès-France.

            De son côté, Jean Fourastié rejoint Jean Monnet au Commissariat du Plan où il met sur pieds la politique française d'accroissement de la productivité, nouvel étalon de la puissance économique. Il fait de la productivité la variable clef de l’économie dans son ensemble – son intensité variable déterminant le classement des activités au sein des secteurs primaires, secondaires et tertiaires, l’évolution des prix et, finalement le niveau de vie. Président de la commission de la main-d’œuvre du Plan, représentant français à l’Organisation Européenne de Coopération Économique (OECE) pour les questions de productivité, il effectue enfin de nombreuses missions d’études aux États-Unis.