jean fourastie
Le 23 juin 2020, une note de Jacqueline Fourastié postée sur internet :
https://www.fourastie-sauvy.org/75-actualite/actualitefourastie/370-these-2019
attirait l’attention sur les recherches de Maxime Izoulet, chercheur associé au CEMI-CNRS à Paris, prolongeant la pensée et les analyses économiques et comptables de Jean Fourastié.
Dirigée par Jacques Sapir et soutenue l’an dernier à Paris, la thèse de M. Izoulet est remarquable sur trois plans :
- elle confirme d’abord que c’est bien la comptabilité en partie double qui a permis, à partir du XIV° siècle en Italie, de développer la banque d’affaires, une monnaie purement fiduciaire et le crédit bancaire nécessaire pour animer notamment les grandes foires médiévales,
- cette recherche démontre aussi que toute monnaie bancaire s’appuie sur un collatéral pré-existant (comme une marchandise ou un droit de propriété transmissible) qui peut d’ailleurs circuler lui-même comme une quasi-monnaie privée sur les marchés financiers,
- elle établit enfin une filiation directe entre la lettre de change médiévale et les formes modernes de collatéral quasi-monétaire (obligations d’Etat ou de multi-nationales, principalement) à partir desquels de grandes banques créent les signes monétaires qui sont nécessaires au commerce international contemporain (euro-dollars, par exemple), signes dont la disponibilité et la liquidité sont l’un des leviers de la croissance mondiale depuis un demi-siècle.
Au delà de l’intime association qu’elle confirme, entre monnaie et comptabilité en partie double, la thèse de M. Izoulet souligne aussi l’importance et la diversité des conventions que permet la numérisation des signes monétaires, ainsi que celle des droits et des titres financiers (actions, obligations, promesses à terme, à options et produits dérivés).
Cette thèse est donc très riche. Elle retrouve aussi, avec à-propos, le fil rouge qui parcourt l’oeuvre de Jean Fourastié : sa révérence pour l’histoire et pour le long terme, d’une part ; et son désir constant d’inscrire l’économie dans le monde tel qu’il est et non tel qu’on pourrait le rêver !